posté le 19-06-2021 à 06:49:04

Les chameaux.

 

 

 

Les chameaux. 


Après quelques années de chômage, je fus content de retrouver du travail.

La radioactivité était toujours présente dans l’air et sur le sol, mais enfin, il fallait vivre ou survivre dans ce monde désolé.

Je devais passer un test avant d’être embauché.

Le chef me dit :

  - Voilà, tu dois compter les chameaux. Je sais exactement combien il y en a, tu dois trouver leur nombre exact.

  A vue d’œil il y avait bien cinq cents camélidés* devant moi. C’était mission impossible, surtout qu’ils se déplaçaient constamment.

  - Mais il y en a trop ! dis-je, déjà prêt à abandonner.

  Le chef eut un sourire et s’exclama :

  - Je vais te donner un truc pour y arriver : tu comptes le nombre de bosses et tu divises par deux !

  - Merci, ça va être plus facile alors !

  Et je me mis à compter pendant trois heures en avalant régulièrement des pastilles d’iode pour protéger ma thyroïde des miasmes du rayonnement du plutonium.

  Quand j’eus fini, je trouvais 605 bosses. Un nombre impossible à diviser par deux. J’allais voir le chef et je lui dis :

  - Il doit y avoir 302 chameaux normaux et un qui n’avait qu’une seule bosse. Un chameau mutant certainement, à cause de la radioactivité.

  Le chef se mit à rire et hurla :

  - Allez, dégage, tu es nul !

  Devant moi air étonné il poursuivit :

 

   - Ton chameau mutant, ce n’était pas un dromadaire par hasard ?

 Bon, il ne me restait plus qu'à trouver un autre travail:

Compteur d'abeilles-tueuses dans des maxi-ruches radioactives, post-apocalyptiques.

 

 

 

                                                                                          

Virgile.

 

  * camélidés : Famille de ruminants dont le type est le chameau.

 

 


Commentaires

 

1. kelhya  le 20-11-2023 à 18:10:35  (site)


* Désistement * de notre * Filleul * .. * Quel CON *

* Kelhya *.. C'est qui ce * Type * Je suis allé sur * Rimes * mais ce * Blog *
ne m' Inspire Pas !
Au fait ?
Il a Combien de * Blogs *?

« Prof83 »
« Poète83 »
« Rimes »
« Nouvelles »
« Sciences »

* Kelhya * .. Je ne Donne pas Suite .. il est * Bizarre * .. Je ne le Sens * Pas *
Après toutes ces * Misères * que Tu as Subi .. Tu lui Écris encore comme
si de Rien n' Était ?

Tu Vas me Rouspéter .. C'est un * Piège * qui m' Attend !
Et tu * Pardonnes * aussi Facilement ?
Bien Sûr que « OUI »
Toute * Personne a droit à une 2ème * Chance *

Quelle * Mouche * t'a Piquée ?
Mais qu'est ce qui t'arrive .. Tu n'as pas * Besoin * de Raconter Ta Vie !
Tu as Juste à * Donner * de mes * Nouvelles * à ce * Prof * très Apprécié !
Que Crains-Tu ?
Je te Voyais plus Audacieux / Courageux...
Alors .. C'est * NON *

Je Vais me * Débrouiller * Autrement .. Tu me * Mets * Mal à L' Aise *

Tu te * Débines * pour une * Fois * que je te Demande un * Service *
Ne Viens plus Jamais me * Solliciter * si tu ne te Plaît pas chez * Moi *
Va Chercher un autre * Appartement * alors tu Sauras ce que c'est que
de Payer un * Loyer * !

On en Reparlera quand je Serai d' Aplomb .. Tu Regretteras Tôt ou Tard
ton * Impertinence * & ton * Effronterie *

Si * JC * ton * Parrain * Savait Cela ?

Tu n'es que mon * Filleul * par * Alliance * et Je Peux te * Mettre *
Dehors quand Je * Veux * Étant La Seule Héritière sans Enfants...
Tu Devrais le Savoir en tant que * Juriste * ? NON ?
Honte à * Toi *

Je ne Pensais pas que tu Sois si * Ignorant * en voulant * Devenir Avocat *
Tu es très * Naïf * mon Cher !

Tout Revient au Conjoint { Veuve }
Situation Particulière :
Lorsque le Défunt n’a ni Descendants,
C’est le Conjoint Survivant qui Recueille 100 %
du * Patrimoine en Pleine Propriété *

Ce * Refus * me Reste en travers de ma * Gorge *

J'étais chez Le Notaire récemment pour faire un * Testament *
que Je Peux Changer quand * Je Veux *...

Tout est * Dit * .. Je ne Reviens Jamais sur mes * Décisions *

 
 
 
posté le 08-06-2021 à 13:01:18

La fille de Glasgow.

  

Je l’avais rencontrée dans un bar de Glasgow, un pub quoi.

C’était une blondasse plus grande que moi et plutôt maigre. Elle comprenait le français, du moins je le pensai. Heureusement, car moi je ne parlais pas l’anglais.

- Tu as quelque chose à fumer me dit-elle ?

- Non je n’ai pas de cigarettes, répondis-je, un peu méfiant.

Elle cria presque :

- Qui te parle de cigarettes, connard !

J’étais tombé sur une folle. Je me levai pour m’enfuir. Elle m’en empêcha en m’attrapant le bras.

Elle continua à parler fort :

- Tu peux me baiser si tu veux, mais il faudra me frapper !

J’avais cru comprendre ça, car son accent gommait les syllabes.

Elle délirait je crois. Elle avait les pupilles dilatées.

Une junkie* ?

- Allez, suis-moi, on va dans les toilettes, me dit-elle avec une voix qui devenait gutturale.

Je me voyais revenir en France avec une blennorragie, la syphilis ou pire, le sida.

M’enfuir devenait une idée fixe. J’avais l’impression de me trouver en face d’une sangsue gluante.

Un type, à l’air louche, nous regardait du fond du bar. Son mec ? Il avait un sourire-rictus qui ne me plaisait pas du tout.

Soudain je pensai au  général De Gaule ; allez savoir pourquoi. Et même Emmanuel Macron me devenait sympathique ! Un comble !

- Alors connard, tu veux ? insista-elle.

Savait-elle que c’était une insulte ?

Elle se mit à pleurer. J’eus pitié d’elle et je la suivis dans les toilettes.

- Allez, baise-moi, me dit-elle en me tendant sa joue.

Et elle ajouta :

- J’ai besoin de tendresse, connard !

Je me rendis compte, à ce moment-là, que je n’avais rien compris.

 

 

 

* junkie: Personne intoxiquée à l'héroïne.
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 
 
posté le 03-06-2021 à 13:17:35

Le retour.

 

 

  

 Ah, te voilà revenue ?

Il t’a déjà abandonnée, l’autre ?

Tu sais, je ne t’aime plus !

Pas la peine de pleurer, ça ne marche plus avec moi.

Comme je suis bon prince, tu pourras t’installer dans la chambre d’amis.

Juste pour quelques jours !

Le temps de trouver un autre pigeon à plumer !


Le lendemain matin.

Inutile de me sourire ; bois ton café et file dans la chambre.

Tu pourras ensuite aller draguer au bar des Platanes !


Midi.

Tu n’as trouvé personne ?

J’ai décongelé une pizza aux quatre fromages. Je t’en ai laissé la moitié.

Ne me remercie pas, c’est toi qui l’avais achetée avant ton départ.

 

Le soir.

Je te donne la télécommande ; tu pourras choisir ton programme TV, comme d’habitude.

Moi je vais dans ma chambre, je dois lire « Bréviaire des vaincus » de Cioran. Tu ne connais pas Cioran, je sais !

Tu préfères Barbara Cartland et ses romans à l’eau de rose.

Chacun son trip !

 

Le lendemain matin, dans la salle de bains:

C’est quoi cette cuvette dans le lavabo ?

Ciel, elle a mis à tremper son string noir dans de la lessive Paic.

Que de mousse et comme elle est douce et parfumée !

Bon, je vais l’enlever et lui dire de ne pas laisser traîner ses dessous.

Ho ce string !

Mais sait-elle que je l’aime encore comme un fou ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 
 
posté le 27-05-2021 à 18:09:24

Année 2125.

Année 2125.

Drôle d’époque !

Les femmes ne voulaient plus enfanter.

Pour éviter le dépeuplement, les autorités avaient mis au point un système de commande de bébés sur catalogue.

L’enfantement était devenu un métier très lucratif uniquement exercé par des femmes venues « d’ailleurs ».

Les généticiens avaient trouvé une méthode pour accélérer le processus et la grossesse ne durait plus que six mois.

Les futurs parents pouvaient même choisir la couleur de la peau de leurs enfants et elle obéissait à une mode: en 2125 la couleur à la mode était le violet. En manipulant les gènes MC1R et slc24a5 les généticiens étaient parvenus à obtenir une palette de 1350 couleurs de peau, moyennant un supplément à la commande.

Le bébé était livré à domicile par colis à petite vitesse ou à grande vitesse. Cette dernière option était la plus onéreuse.

Elle était assurée par des lièvres génétiquement modifiés grâce à l’apport de gènes de guépards (animaux les plus rapides du monde).

La livraison lente était l’affaire de tortues dont on avait tenté d’améliorer la vélocité par adjonction de  gènes d’escargot à leur génome.

Un gros problème était apparu.

Lorsque les bébés,  portés par les tortues, arrivaient à leur nouveau domicile, ils étaient déjà vieux !

 

 

 

Virgile. 

 

 

 

 

 

 

 


Commentaires

 

1. Yuba  le 28-05-2021 à 09:50:40

Géniale
Quelle imagination !

2. nouvelles  le 29-05-2021 à 18:30:47  (site)

Merci Yuba.
Virgile

 
 
 
posté le 25-05-2021 à 18:38:37

Les décapodes.

 

Ma maison grouillait de décapodes.

Quand je l’avais achetée, j’avais bien précisé au vendeur, que j’étais psychologiquement allergique à ces bestioles.

Il me rassura :

- La maison se trouve à la frontière Nord du Sahara. Il n’y a pas une goutte d’eau à des centaines de kilomètres à la ronde. Vous pouvez être tranquille.

Mais je ne fus pas tranquille car ma maison était infestée par des crabes.

Oui des crabes !

Etonnant non ?

Alors j’ai voulu acheter une perceuse à percussion pour essayer d’éliminer toutes ces vermines qui me pourrissaient la vie.

Je me suis rendu au marché de Zouerate, la ville la plus proche.

Pratiquement impossible de trouver ce que je cherchais. Un commerçant roublard me proposa même une chèvre, je répondis, agacé comme un scorpion à cause de la chaleur suffocante qui régnait sur cette ville :

- Je veux une perceuse à percussion !

Il répliqua avec un sourire :

- Mais missieu, une perceuse à percussion ça ni donne pas du lait de vache !

Exaspéré je lui lançais :

- Parce que ta chèvre, elle donne du lait de vache, peut-être ?

Et je rompis le contact en allant voir ailleurs.

Finalement je trouvai une perceuse à percussion à manivelle chez un marchand de dattes (mystère des marchés africains).

Pas facile de trouer la carapace blindée d’un crabe avec une perceuse.

Il fallait appliquer la mèche en carbure de tungstène juste au centre de leur corps et appuyer, mais pas trop. Au début ce fut difficile et j’avoue que mon carrelage a bien souffert à cause de ma maladresse. J’ai compté au moins une cinquantaine de carreaux cassés.

Mais, avec l’aide d’antidépresseurs, je vins à bout de tous ces crabes angoissants. La guerre a bien duré un mois.

Et voilà, ce matin je suis tranquille. Il n’y a plus de décapodes dans ma maison. Je peux me lever et me préparer un bon café froid.

Ciel, mon pied a glissé sur une substance gluante. Je regarde le sol et je m’aperçois que ma maison est envahie par des nématodes qui sont sortis par les fissures de mon carrelage.

Et je suis devenu allergique aux nématodes, aux vers de terre quoi !

 

 

 

 

 

 

 

 


Commentaires

 

1. Yuba  le 28-05-2021 à 09:53:47

Quelle galère !

Je poursuis ma lecture

 
 
 
posté le 20-05-2021 à 07:30:47

L'escargot maso.

  

« Marre d’être trompé »  cria Lulu, l’escargot dépressif.

Il ouvrit la porte et se pressa de sortir.

L’escargotte, resta dans la cuisine à baver devant la télé.

Elle regardait un soap américain des années soixante.

Lulu, son mari, lui faisait souvent le coup, surtout quand il avait envie d’elle et qu’elle, avait mal aux tentacules.

Il va encore bouder dans une salade, se dit-elle.

Et puis il reviendra me faire un bisou gluant.

Mais Lili, l’escargotte, ne mesurait pas l’ampleur du drame qui mijotait sous la coquille de son époux.

C’est que le voisin d’à-côté, un vieux monsieur qui se rasait tous les jours, jetait, tous les jours, sa lame Gilette dans leur jardin.

Il était raciste, le monsieur, il n’aimait pas les « zermafrodites » comme il disait, surtout quand ils avaient la peau grise.

Et par un hasard plutôt malheureux, sa dernière lame Gilette tomba sur de la terre humide et resta fichée verticalement dans le sol.

Le voisin, un professeur de mathématiques à la retraite, estima que la probabilité d’un tel événement devait avoisiner 0,0001, c’est-à-dire presque rien.

C’est à ce moment-là que Lulu, l’escargot dépressif aperçut la lame plantée dans la terre.

« Adieu, Lili » pensa-t-il et il commença l’ascension périlleuse de ce morceau d’acier.

Et quand il arriva enfin sur la partie tranchante de la lame, il gémit de plaisir.

L’escargot était maso.

 

 

Virgile 

 

 

 

 

 

 


Commentaires

 

1. maxie  le 20-05-2021 à 09:20:32  (site)

Trop drôle ... j'adore
Bonne journée

2. Yuba  le 28-05-2021 à 09:56:51

Il faut de tout
Pour faire un monde...lol

3. Yuba  le 28-05-2021 à 09:57:48

Lol

Il faut de tout
Pour faire un monde ...

 
 
 
posté le 18-05-2021 à 06:55:15

La fille du bar.

 

 

Elle était seule dans le bar.

J’étais entré là à la recherche d’une rencontre éphémère.

Tête baissée, elle regardait son verre qui semblait contenir une boisson couleur de feuilles d’automne.

Cognac ? Whisky ?

Une dépressive à tous les coups, une fille larguée par son mec certainement.

Une bonne aubaine pour moi. Ce sont les filles les plus « pêchables », tant qu’elles ne vous enduisent pas de leur chagrin existentiel.

Je revêtis mon armure de dragueur de pacotille prêt à dire n’importe quoi pour embarquer une meuf.

Elle me lança un regard morveux qui me fit éternuer.

Je m’avançais vers elle et en désignant le tabouret vide à son côté, je lui dis :

- Je peux ?

Des larmes se mirent à couler de ses yeux. Je pris ça pour un oui.

Je regardai ma montre, je me donnai cinq minutes pour l’embarquer. Pas plus car après on tombe dans le mélo pleurnichard qui nous vrille les neurones.

- Je m’appelle Virgile, lui dis-je avec un sourire enjôleur mâtiné d’une couche de compassion artificielle.

Et je pensai :

- Si elle ne me dit pas son prénom, je m’en vais.

- Moi c’est Anémone, répondit-elle en pleurnichant.

Un prénom surréaliste qui me fit penser à une fleur fanée.

Elle me suivit comme un toutou et je suis sûr qu’elle pensait une absurdité du genre :

- Pour une fois que je tombe sur un gentil garçon…

On s’est retrouvé dans mon appartement. C’était un premier pas. Elle ne parlait pas. Je lui proposai un verre de Tequila qu’elle refusa en me disant :

- Je préfère du Perrier !

Et zut, je n’ai que de la Badoit dans mon frigo.

Je n’avais pas prévu le coup des filles capricieuses.  

Elle était muette comme un vampire de Silésie. Les pires !

Je voulus la séduire en lui faisant écouter le premier titre de ma Playlist gravée sur un CD de combat: « Rêve d’amour » de Frantz Liszt. Une mélasse romantique à laquelle aucune fille ne résiste.

Un fiasco ! Comme un extrait de la Traviata de Verdi chantée par Maria Calas.

- Hang it ! ( zut !) me dis-je en pensant en anglais ; allez savoir pourquoi.

Tout y passa ; elle restait figée comme une statue de sel.

Alors je jouai mon va-tout en lui faisant écouter la dernière chanson de la liste, celle que l’on passait en boucle dans les soirées d’étudiants quand j’étais jeune et ivre. Une mélodie  infâme et consternante de Bob Azzam.

 

« …Tu m'as allumé avec une allumette

 Et tu m'as fait perdre la  tête

 Chéri je t'aime chéri je t'adore,

 como la salsa de pomodoro*… »

 

Elle éclata de rire et m’embrassa sur la bouche. Sa salive avait un goût de cornichon : un dentifrice qui avait certainement mal tourné…

 

Virgile 

 

* Sauce tomate.

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Commentaires

 

1. Yuba  le 28-05-2021 à 10:01:33

Pas merci pour
" parleur fanée "

Je plaisante !

 
 
 
posté le 15-05-2021 à 19:03:26

Le bossu.

 

 

 

  Dans la classe, on m’appelait « le bossu ».

Pas tous quand même, mais tout le monde le pensait.

Certains étaient gênés.

D’autres baissaient les yeux, mais je savais qu’ils riaient dans leur tête.

Moi je ne disais rien, perdu dans ce nouveau milieu dans lequel je me sentais bien étranger.

Le bossu, le bossu, le bossu !

Ils avaient même inventé une chanson.

Les professeurs ne disaient rien. Pouvaient-ils faire quelque chose ?

Je souffrais en silence, surtout que j’étais tombé amoureux de la plus belle.

Elle me regardait avec pitié et son petit sourire essayait de me consoler en toute discrétion.

Ils scandaient « le bossu, le bossu, le bossu » et moi je pensais « je l’aime, je l’aime, je l’aime » !

C’est vrai que je n’étais qu’un dromadaire, mais quand-même, moins bossu qu'un chameau !

Et elle, une jolie gazelle…

 

 

 

 

 

 

 

 


Commentaires

 

1. Yuba  le 29-05-2021 à 22:56:26

Touchant !

 
 
 
posté le 20-12-2020 à 07:50:20

La robotine.

 

 

La robotine.

 

Je l’avais achetée au salon des nouvelles technologies de la foire de Hanovre en 2125.

Elle coûtait un million de deutschemarks (l’Europe et l’Euro avaient disparu depuis bien longtemps).

C’était une magnifique robotine ! Le vendeur, qui avait un accent panaméen, me vanta toutes ses qualités, notamment dans les domaines culinaires et sexuels.

Je fus vite convaincu. J’étais seul, ma femme m’avait quitté un an auparavant.

Chez moi, j’ouvris vite la grande boîte pour essayer ma nouvelle robotine.

Je branchais son cordon à une prise murale et actionnais l’interrupteur qui se trouvait sous le sein gauche de la magnifique créature.

Rien !

Pas de courant dans mon appartement.

Le gouvernement écologiste avait institué une coupure d’électricité aléatoire de quatre heures par jour pour faire des économies d’énergie.

Connards ! Me suis-je entendu crier à l’adresse de ces hurluberlus verts qui avaient pris le pouvoir en Janvier 2101.

Je bavais d’excitation inutilement. A mon poignet, l’aiguille de l’appareil qui mesurait mon taux de testostérone avait brusquement dévié vers la zone rouge.

Zut ! Me dis-je, je vais recevoir la visite des contrôleurs hormonaux.

Je pris une douche froide pour me calmer et j’avalais un cachet de stop-libido distribué gratuitement par le ministère des plaisirs interdits*.

Et j’attendis le retour du courant.

Cinq heures plus tard la lampe à LED du lustre de mon salon commença à distribuer une lumière blafarde.

Et la robotine commença à bouger.

Je me jetai sur elle et...

La censure écologiste m’interdit de raconter, mais vous pouvez imaginer...

Ce fut merveilleux, extraordinaire et je ne regrettai pas mon achat.

Seulement, c’est à ce moment-là que la robotine se mit à parler, parler, parler, pendant deux heures sans interruption.

J’ai été obligé de la débrancher.

Et depuis, je ne l’ai plus rebranchée !

 

Virgile.

 

 

* La  fornication induit un dégagement excessif de dioxyde de carbore à cause d'une accélération du rythme respiratoire. Cela accentue le réchauffement climatique.

 

 


Commentaires

 

1. Yuba  le 29-05-2021 à 22:59:45

Personne n'est parfait ...
Lol

 
 
 
posté le 26-11-2020 à 07:02:12

Vol de nuit (1).

 

 

  Vol de nuit (1).

 

Entre Paris et New-York, dans le vol long-courrier, le facteur s’ennuie. Alors, sur la petite tablette située devant lui, il trie des allumettes qu’il a sorties discrètement de leur grosse boîte, sous le regard vigilant d’une hôtesse de l’air.

 

L’hôtesse aimerait bien boire un verre d’eau minérale ou un café très fort pour atténuer le reflux œsophagien qui la dérange : dans les toilettes, elle a dû avaler le nectar du copilote.

 

Le copilote, dans la cabine, bâille, assouvi. Il pense à sa femme avec des remords. Il regarde avec sympathie le vieux pilote.

 

Le vieux pilote est heureux, c’est son dernier vol et ensuite la retraite bien méritée. Il pense avec tendresse à son vieil ami d’enfance  à qui il a offert ce voyage à New-York, Ludo.   

 

Ludo est dans la carlingue, assis à côté d’une femme âgée qui ressemble à sa mère. Elle paraît angoissée ; elle tripote avec nervosité un chapelet ; elle prie. Elle s’impatiente, en pensant qu’elle embrassera bientôt son fils, qu’elle n’a pas vu depuis dix ans.

 

Derrière elle, un enfant joue tranquillement avec sa console de jeu, sous l’œil bienveillant de son père.

 

Ce père va consulter un chirurgien américain qui doit opérer son fils d’une grave malformation cardiaque.

 

Ce petit garçon a hâte de revenir en France, opéré et guéri, pour retrouver sa mère et son chien Bébert…

 

Soudain, pour des raisons inexpliquées, le pilote perd le contrôle de l’avion, qui plonge inexorablement vers l’océan.

 

Au fond de l’océan, les sirènes sont joyeuses : elles préparent une fête pour accueillir les nouveaux arrivants...

 

Dans le ciel, une créature toute vêtue de blanc  tamponne une feuille blanche dans un grand cahier et dit :

- Destin accompli !

Mais…

 

A suivre…

 

Virgile

 


 

 

 

 

 

 

 

 


Commentaires

 

1. Yuba  le 29-05-2021 à 23:02:42

À suivre donc...

 
 
 
posté le 04-10-2020 à 08:02:35

L'objet étrange.

Un jour, en déambulant dans mon grenier, j’y trouvais une malle plutôt poussiéreuse,  oubliée là depuis bien des lustres. J’eus tout de suite envie de l’ouvrir malgré ma crainte de découvrir un cadavre ou au mieux des insectes pas très reluisants.

Sous un amoncellement de vieux chiffons qui avaient atteint un âge canonique, je découvris un bien étrange objet :

 

 

 

Mon cerveau, formaté par la société de consommation qui nous a habitué à des expressions du genre : paire de gants, paire de ciseaux, me fit tout de suite nommer cet objet « paire de lunettes ».

Sacrilège !

Dans un dictionnaire je lus la définition de paire :

« Objet unique composé de deux pièces semblables et symétriques ».

Exemple : une paire de lunettes.

Apparemment je ne pouvais pas nommer ainsi cet objet trouvé dans la vieille malle.

Alors comment le désigner ?

Monocle ? (Verre optique que l'on fait tenir dans l'arcade sourcilière).

Non !

Je dirais plutôt : monocle à deux branches.

Et, satisfait de ma définition, je sortis du grenier et j’oubliais cet objet jusqu’à minuit. A cette heure précise, je me réveillai en sursaut et en sueur en pensant à ce monocle.

Mais où se trouvait l’œil de la personne qui portait cet objet ?

Au milieu du front ?

Avais-je donc un ancêtre monstrueux que l’on cachait dans le grenier, juste pour ne pas avoir honte ? Et cet ancêtre n’était-il pas mort dans ce lieu poussiéreux ?

Je décidais, que le lendemain j’irai chercher le squelette de ce lointain aïeul, qui devait se trouver dans une autre malle bien cachée sous les chiffons.

 

 Virgile

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 


Commentaires

 

1. Yuba  le 29-05-2021 à 23:05:30

Personne issue d'une " malformation "

 
 
 
posté le 07-06-2020 à 07:11:26

Le cloporte.

 


 

 

Le cloporte.

 

                             

-        Non Joachim Barbera, tu ne l’auras pas !

-        Toi non plus d’ailleurs et je l’ai juré.

A quelques kilomètres de San-Stéphano, sur le sable d’une plage, deux hommes se disputaient le cadavre d’un cloporte noir et pourrissant. Manuel passa par-là, il traînait ses haillons ainsi que sa jambe gauche sanguinolente – une blessure qui ne guérira jamais – avait-il dit.

Manuel pensa qu’il avait de la chance aujourd’hui quand il aperçut le cadavre du cloporte pourrissant abandonné par les autres. Il se délecta de sa chair et alla digérer à l’ombre d’un grand pneu. Le lent travail de la digestion commença, les sucs gastriques s’activèrent et quand Manuel se réveilla, les protéines du cloporte étaient passées dans son sang et participaient déjà à son cycle métabolique.

Sa femme passa par là.

-         Viens ici que je te baise !  dit-il.

Dans quelques gènes des spermatozoïdes, des atomes de carbone particuliers étaient présents : c’étaient ceux du cloporte pourrissant.

Quand l’enfant naquit, on se demanda pourquoi il riait en voyant des cafards et étouffait de colère lorsque les éboueurs ivrognes passaient devant sa fenêtre.

 

 Virgile.

 

 

 

 


 
 
posté le 26-04-2020 à 09:36:13

Renaissance.

 

 

 

 

Renaissance.

 

« Sous quelle forme, voudriez-vous renaître ? » me demanda-t-il ?

J’hésitais. Je regardais autour de moi ; rien de bien spécial n’attirait mon attention. Je sentis qu’il s’énervait par la manière dont il frappait le bois de la table avec son crayon. Pourtant, il essaya de m’aider.

- Vous savez, vous avez de la chance de commencer une nouvelle vie sous une forme que vous pouvez choisir, quelque chose de mieux, de beaucoup mieux même…

Mon regard se posa sur lui et je murmurais timidement :

- J’aimerais bien vous ressembler.

L’énorme éclat de rire qui suivit me fit mal.

-  Ha, je vois que vous n’êtes pas sérieux ! Bien, puisque c’est cela, je vais choisir à votre place.

Il feuilleta un énorme catalogue poussiéreux. Plusieurs fois il hésita sur une page. Son doigt se posait parfois sur une illustration, un texte, une notice et finalement, réprimant un bâillement naissant, il me dit :

-  Voilà, j’ai trouvé. Vous avez de la chance : vous aurez la forme numéro 23842A. Vous êtes content, j’espère ?

Il remplit plusieurs fiches et me les remit pour les faire enregistrer dans les divers bureaux dont il m’indiqua l’emplacement. Je sortis de la pièce à reculons et il cria :

- Au suivant !

Comme un automate, j’effectuais les diverses formalités nécessaires sans bien comprendre ce qui se passait. Dans le dernier bureau, un employé me dit :

- On vous convoquera, lorsque le moment sera venu. Et en se retournant, il dit à son collègue :

- Eh bien, il y en a qui ont de la chance ! Tu te rends compte que ce monsieur va revivre dans la peau d’un «  gros cafard noir et luisant ! »

 

Virgile.

 

 

 


 
 
posté le 21-04-2020 à 19:48:28

Futur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je suis professeur de physique et je vais pouvoir me consacrer entièrement à mon métier que j’adore : l’enseignement. Avec les réformes de qui vous savez, je pense devoir travailler jusqu’à 70 ans. Il faudra cependant que je ne fasse pas tomber mon dentier quand je ferai cours et que mon sonotone soit réglé au maximum pour que je puisse entendre les bavardages de mes élèves. Perclus de rhumatismes, je resterai assis à mon bureau car il sera difficile de me déplacer dans la classe avec mes deux cannes ou mon fauteuil ambulatoire. Trois fois par heure, j’appellerai un surveillant pour me remplacer pour que j’aille aux toilettes à cause de ma prostate. Bon c’est vrai que vers 14h15 il y a un chahut pas possible dans la classe car ma digestion difficile m’oblige à faire une petite sieste involontaire. Le plus terrible, c’est quand je veux interroger un élève en l’appelant par son nom : je n’arrive pas à m’en souvenir. Alors je le désigne avec mon index, bras tendu qui tremble un peu à cause de ma maladie de Parkinson. Il m’est arrivé souvent de me tromper de salle et de faire cours à une classe qui n’est pas la mienne. Oui, comme tous mes collègues âgés j’ai les prémisses de la maladie d’Alzheimer qui s’installe.

Bon, il est 20h et les élèves sont en retard ; je les attends…

J'ai oublié à quelle heure les cours se terminent. 

 


 Virgile.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 
 
posté le 13-04-2020 à 07:17:42

La longue nuit.

 

 

 

La longue nuit.

 

C’était un lundi de Juillet.

Il était une heure du matin et il faisait clair comme à midi.

Les gens, inquiets de ce phénomène peu naturel, sortaient dans les rues pour essayer de comprendre ce qui se passait.

A deux heures du matin, il faisait encore jour.

On consulta les astronomes qui ne découvrirent aucun phénomène susceptible d’expliquer la raison de la disparition de la nuit.

C’est que les plantes vertes étaient fatiguées à force de fabriquer de l’oxygène par photosynthèse et les rats apeurés n’osaient plus sortir dans les rues pour fouiller les poubelles. Les éboueurs, eux, ne savaient plus que faire, habitués qu’ils étaient à ne travailler que la nuit.

Dans une cave, située dans les profondeurs de la ville, un peintre se réveilla en sursaut et regarda l’heure affichée par son réveil : deux heures quinze du matin.

- Ciel, dit-il, je me suis endormi.

Et il trempa un pinceau dans de la peinture noire et badigeonna le ciel du tableau qui se trouvait sur un chevalet devant lui.

Immédiatement, la nuit tomba sur la ville…

 

                                                                                                                                                                                                                                                           Virgile.    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 
 
posté le 31-03-2020 à 07:43:26

Le mot.

 

 

Son étincelant regard n'avait plus aucun sens. Elle avançait vers moi à pas lents. Sur son visage, déformé par la colère, ses yeux, comme deux boules vertes, roulaient dans leur orbite. Quel mot avais-je prononcé pour la mettre dans un état pareil ?

Tant d'années de bonheur, avec une femme belle et intelligente, qui s'écroulaient en un seul instant. Sa voix rauque, comme sortie de l'enfer, murmurait des phrases incompréhensibles.

- "  Ne savais-tu pas que certaines choses ne doivent pas être dites ? "

Sa jeunesse peu à peu s'envolait. Il y avait maintenant devant moi une femme vieille et laide. Ses cheveux blancs recouvraient à moitié une bosse monstrueuse.

- "  Regarde, ce que tu as fait ! "

J'essayais de me défendre comme je pouvais.

- "  Mais, je n'y suis pour rien ! "

Le regard qu'elle posa sur moi me fit comprendre qu'elle ne m'écoutait plus. Sa voix s'amplifia encore :

- "  Tu ne vas pas nier que tu as prononcé le mot ! " 

- "  Mais quel mot ? Quel mot ? "

Elle cria, comme une sentence :

- "  Tu sais bien, que pour chacun, il existe un mot qui tue ! Et tu l'as prononcé ! "

 

*** Il y a environ 100 000 mots dans la langue française courante.

 

 

 

 


Virgile.

 

 

 


 
 
posté le 22-03-2020 à 11:31:02

Igloo.

 

  

 

 

Quelle catastrophe ! Mon igloo commence à fondre.

Ma femme ne dit rien pour l'instant, mais parfois, en baissant les yeux, elle se plaint des courants d'air.

Je suis gêné et je passe mon temps à colmater les trous qui s'agrandissent mystérieusement.

Pourtant il fait toujours aussi froid et la température est même plus basse qu'avant.

J'ai l'impression que Lahitura, ma femme, tousse de plus en plus. Il ne faudrait pas qu'elle soit malade. Le médecin est si loin et coûte si cher. Je n'ai pas la tête à pêcher en ce moment et les quelques poissons que je vends  au marché de Vantouva suffisent à peine à nous faire vivre.

Je l'aime tellement Lahitura ; elle est si jolie emmitouflée dans sa veste blanche en peau d'ours. Elle porte un bonnet un peu grand pour elle qui couvre tout son front et met en valeur ses petits yeux noirs perçants. C'est vrai que son nez est un peu large et rouge en ce moment, mais qu'importe, c'est la femme de ma vie. Je ne pourrai pas vivre sans elle. Je comprends qu'en ce moment, elle rechigne à faire l'amour, mais comment la blâmer, il fait si froid ici et baisser son pantalon est une épreuve pour elle.

Un matin, elle s'est un peu révoltée en me disant que les igloos voisins ne fondaient pas eux ! C'est vrai, j'ai vérifié, leur glace est bien dure, lisse et sèche.

Lahitura n'est vraiment pas contente et elle m'a même dit que si je ne réparais pas l'igloo qui fondait, elle irait ailleurs, chez ses parents probablement qui ne comprennent pas pourquoi je ne fais rien pour assurer son confort. Pourtant je passe des heures à boucher les trous qui réapparaissent sans raison quelques heures plus tard.

Ce que je crains de plus en plus maintenant, c'est que ma femme me quitte pour un autre plus riche que moi, avec un igloo bien solide et résistant.

Je vois bien que Yuratua, un célibataire qui vit à l'aise dans son grand igloo, lui fait les yeux doux.

Et voilà que Lahitura me lance un ultimatum : ou bien je répare notre petit toit de glace ou bien elle irait vivre chez Yuratua qui l'accueillerait à bras ouverts. Je n'aime pas Yuratua, je le trouve laid, ses yeux sont trop grands et clairs et son nez est trop fin et trop petit. En plus, personne ne sait comment il gagne sa vie. On ne le voit jamais pêcher, ni vendre une quelconque marchandise. Alors moi, je travaille de plus en plus pour gagner davantage d'argent, pour éventuellement me construire un nouvel igloo.

Je m'absente de longues heures que je passe sur la glace, penché au dessus du trou que j'ai creusé et dans lequel je fais passer ma ligne. La malchance s'abat sur moi, la ligne s'est cassée et je suis obligé de retourner dans mon igloo pour la remplacer. A travers l'ouverture de l'entrée, j'aperçois d'étranges lueurs qui dansent sous la glace. Ce que je vois alors me saisit d'effroi : Lahitura, ma femme adorée, tient dans sa main un briquet à essence et elle passe la flamme chaude sur les parois de l'igloo pour les faire fondre.

 

                                                                                               Virgile.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 
 
 

Ajouter un commentaire

Pseudo : Réserve ton pseudo ici
Email :
Site :
Commentaire :

Smileys

 
 
 
Rappel article